Observer sans porter de jugement constitue le principe de base de la communication non violente.
«Ce que je cherche dans la vie, c’est la bienveillance, un échange avec les autres motivé par un élan du cœur réciproque.» Marshall B. Rosenberg
Communiquer sans violence nécessite un long apprentissage. La première étape consiste à repérer dans nos échanges les jugements portés à notre interlocuteur, afin de les supprimer, de parler objectivement, et d’établir une relation basée sur la bienveillance recherchée par Rosenberg, «père» de la communication non violente.
Séparer l’observation du jugement
L’observation en CNV (Communication Non Violente), c’est apporter une information à son interlocuteur, d’une manière objective. Au contraire, un jugement est par définition subjectif, même s’il peut apporter une information. Par exemple: «Tu es paresseux» est différent de «tu n’as pas fais tes devoirs ce soir». Les deux expressions veulent sensiblement dire la même chose et pourtant, cet exemple montre que le jugement met un terme à la communication: que répondre à «tu es paresseux»? Lorsque le jugement se mêle à l’observation, l’interlocuteur risque d’entendre une critique et va probablement se fermer.
En revanche, «tu n’as pas fais tes devoir ce soir» est une observation qui incite à continuer le dialogue calmement: chacune des deux parties va pouvoir exprimer son point de vue sur la situation, c’est-à-dire exprimer à l’autre sa réalité.
Les filtres de la communication
Toute communication passe par trois grands filtres que nous utilisons pour adapter la réalité objective à notre ressenti subjectif. Le monde est le même pour tous mais chacun à sa propre vision du monde. Les différences proviennent de ces trois filtres qui sont: la généralisation, la sélection et la distorsion. Les jugements sont alors générés par la confrontation de la réalité avec la vision du monde de chacun, ou par deux visions du monde différentes.
La généralisation permet l’apprentissage: un enfant qui fait l’expérience de s’assoir sur une chaise pour la première fois sait tout au long de sa vie qu’une chaise, même différente, va supporter son poids. Or, c’est aussi la généralisation qui permet de dire: «tu es toujours en retard» ou encore «tu ne fais jamais tes devoirs». Ces deux exemples montrent une observation mêlée d’un jugement. Les adverbes toujours et jamais sont les signes d’une généralisation.
La sélection est utile pour pouvoir gérer les grandes quantités d’information que nous recevons à chaque instant sans être débordé. C’est-à-dire que nous sommes capable de ne retenir que ce qui est important pour nous. Quand nous lisons un livre, nous ne pouvons pas le restituer mot pour mot. Toutefois, nous nous souvenons de l’histoire et pouvons en faire un résumé. Or, la sélection se produit également lors de nos dialogues quand nous oublions ou négligeons une partie de la conversation. C’est une violence faite à autrui.
La distorsion est un filtre qui permet de déformer la réalité, afin qu’elle corresponde mieux à nos croyances ou à notre vision du monde. La lecture de pensée, par exemple, est une forme de distorsion. C’est attribuer, sans preuve, des pensées à autrui. Par exemple: «Je suis sûr qu’il est fâché puisqu’il ne répond pas au téléphone». Ainsi, la distorsion est souvent source de jugements.
Dialoguer sans juger
Juger une personne ou lui coller une étiquette («Tu es paresseux») est une violence verbale. Or, la société nous enseigne l’esprit de compétition, donc de jugement. Il est très difficile de dialoguer de manière objective et de nombreux conflits potentiels se transforment rapidement en disputes déclarées. Pour réussir à établir des échanges constructifs, sans jugement, il est important de prendre conscience de nos propres mécanismes, c’est-à-dire de repérer quand nous utilisons nos filtres de la communication. A partir de ce moment, il devient plus facile de comprendre la réalité d’autrui et d’accepter qu’il puisse être différent. Le jugement devient alors superflu. La CNV est donc une école de tolérance.